Les Mesures Imposées par la Commission pour un Dossier de Surendettement

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Aurelien Boulanger

Vous croulez sous les dettes et ne voyez plus d’issue ? La commission de surendettement peut devenir votre bouée de sauvetage. Lorsque la négociation amiable échoue avec vos créanciers, cette instance dispose d’un arsenal de mesures imposées pour vous aider à sortir de l’impasse financière. Ces solutions, méconnues du grand public, offrent pourtant un cadre légal puissant pour reprendre le contrôle de votre situation.

Découvrez comment ces mesures imposées peuvent transformer votre cauchemar financier en parcours structuré vers la liberté.

Points clés à retenir

MesureDurée maximaleEffets principauxConditions d’application
Rééchelonnement7 ansÉtalement des remboursementsRevenus stables
Réduction des tauxDurée du prêtDiminution des intérêtsTout type de crédit
Suspension d’exigibilité2 ansPause temporaire des paiementsDifficultés passagères
Effacement partielImmédiatSuppression d’une partie des dettesCapacité remboursement insuffisante
Rétablissement personnelEffacement totalLiquidation des biens non essentielsSituation irrémédiablement compromise
Délai de contestation30 joursOpposition possible par créanciers/débiteurAprès notification écrite
Inscription FICP5 ans maximumRestriction accès au créditAutomatique avec mesures

Introduction au surendettement et au rôle de la commission

Définition du surendettement

Le surendettement ne se résume pas à de simples difficultés financières passagères. Il s’agit d’une situation légalement définie comme « l’impossibilité manifeste pour un débiteur de bonne foi de faire face à l’ensemble de ses dettes non professionnelles exigibles et à échoir« .

Concrètement, vous êtes considéré comme surendetté lorsque, malgré tous vos efforts, vos revenus ne suffisent plus à couvrir vos charges courantes et le remboursement de vos crédits.

Des événements de vie comme une perte d’emploi, un divorce, des problèmes de santé ou une gestion financière inadaptée peuvent rapidement faire basculer dans cette spirale d’endettement.

Présentation de la commission de surendettement

La commission de surendettement représente votre principale alliée face à cette situation. Cette instance départementale, présidée par le préfet et le directeur départemental de la Banque de France, réunit six membres :

  • Le représentant de la Banque de France (secrétaire)
  • Deux représentants des créanciers
  • Deux représentants des débiteurs
  • Un spécialiste en économie sociale et familiale

Son rôle ? Examiner votre situation financière globale et proposer des solutions adaptées pour vous permettre de sortir durablement du surendettement, tout en préservant les intérêts légitimes de vos créanciers.

Processus de dépôt d’un dossier de surendettement

Conditions de recevabilité du dossier

Pour que votre dossier soit accepté par la commission, plusieurs critères essentiels sont examinés :

  • Vous devez être une personne physique (pas une entreprise)
  • Vous devez être de bonne foi (pas d’endettement volontaire)
  • Votre domicile fiscal doit se situer en France
  • Vos dettes doivent être principalement non professionnelles
  • Vous devez être dans l’impossibilité manifeste de faire face à vos dettes

Attention : certaines dettes sont exclues du dispositif, notamment les amendes pénales, les pensions alimentaires et les dettes frauduleuses.

Procédure d’examen du dossier

Une fois votre dossier déposé, le processus suit plusieurs étapes structurées :

  1. Examen de recevabilité (délai maximum de 3 mois)
  2. Orientation vers la solution la plus adaptée
  3. Tentative de conciliation pour établir un plan conventionnel
  4. En cas d’échec : mise en place des mesures imposées

L’acceptation de votre dossier entraîne immédiatement l’inscription au FICP (Fichier national des Incidents de remboursement des Crédits aux Particuliers) et la suspension des procédures d’exécution engagées contre vous.

Les mesures imposées par la commission

Définition et objectifs des mesures imposées

Les mesures imposées entrent en jeu lorsque la phase amiable n’a pas abouti à un accord entre vous et vos créanciers. Contrairement au plan conventionnel qui nécessite l’unanimité, ces mesures peuvent être appliquées unilatéralement par la commission.

Leur objectif est double :

  • Vous permettre de retrouver un équilibre financier durable
  • Assurer un traitement équitable entre créanciers

Ces mesures doivent respecter un principe fondamental : vous garantir un reste à vivre suffisant pour subvenir à vos besoins essentiels et ceux de votre foyer.

Types de mesures imposées

Rééchelonnement des dettes

Le rééchelonnement consiste à étaler vos remboursements sur une période plus longue, réduisant ainsi le montant de vos mensualités. Cette mesure peut s’appliquer à tout type de crédit.

Caractéristiques principales :

  • Durée maximale de 7 ans
  • Applicable même aux crédits immobiliers
  • Possibilité de reporter le paiement du capital en fin de période
  • Allègement immédiat de votre charge mensuelle

Cette solution est particulièrement adaptée si vos difficultés sont temporaires et que vos revenus sont stables.

Réduction des taux d’intérêt

La commission peut imposer une réduction substantielle des taux d’intérêt appliqués à vos crédits, voire leur suppression totale dans certains cas.

Cette mesure :

  • Diminue le coût global de vos crédits
  • Réduit significativement vos mensualités
  • Peut transformer un crédit à taux variable en crédit à taux fixe
  • S’applique parfois rétroactivement aux échéances impayées

L’impact est particulièrement sensible sur les crédits revolving dont les taux sont traditionnellement élevés.

Suspension des remboursements

Dans les situations particulièrement difficiles, la commission peut décider une suspension temporaire d’exigibilité de vos dettes.

Concrètement :

  • Vos paiements sont intégralement suspendus pendant une période déterminée
  • Durée maximale de 2 ans
  • Les intérêts continuent généralement à courir (sauf décision contraire)
  • Un réexamen de votre situation est prévu à l’issue de cette période

Cette mesure vous offre un véritable « moratoire » pour vous permettre de stabiliser votre situation (retrouver un emploi, résoudre des problèmes de santé).

Effacement partiel des créances

L’effacement partiel représente une mesure plus radicale, appliquée lorsque votre capacité de remboursement est durablement altérée.

Particularités :

  • Annulation définitive d’une partie de vos dettes
  • Appliqué prioritairement aux intérêts, pénalités et accessoires
  • Peut concerner le capital dans les cas les plus graves
  • Certaines dettes prioritaires sont généralement préservées (loyers, impôts)

Cette mesure est souvent combinée avec un rééchelonnement du solde restant.

Mise en œuvre des mesures imposées

Notification et acceptation des mesures

Une fois les mesures définies, chaque partie reçoit une notification écrite détaillant précisément les dispositions retenues.

Processus d’application :

  1. Envoi des propositions aux créanciers et au débiteur
  2. Délai de 30 jours pour contester
  3. À défaut de contestation, les mesures deviennent exécutoires
  4. La commission délivre un certificat de non-contestation

Ce document a force exécutoire, c’est-à-dire qu’il a la même valeur qu’une décision de justice.

Durée et suivi des mesures

L’application des mesures s’étend généralement sur plusieurs années et fait l’objet d’un suivi rigoureux :

  • Un échéancier précis est établi pour chaque créance
  • Vous êtes tenu de respecter scrupuleusement les paiements prévus
  • Tout changement significatif de situation doit être signalé à la commission
  • Possibilité de demander un réexamen en cas d’amélioration ou d’aggravation

L’ensemble du dispositif peut être ajusté en fonction de l’évolution de votre situation financière.

Contestation des mesures imposées

Droits des parties prenantes

Les mesures imposées ne sont pas irréversibles. Chaque partie dispose de voies de recours légales :

  • Le débiteur peut contester s’il estime les mesures insuffisantes
  • Les créanciers peuvent s’opposer s’ils les jugent disproportionnées
  • La contestation doit être formalisée dans un délai de 30 jours
  • Le juge des contentieux de la protection devient alors l’arbitre

Attention : pendant la procédure de contestation, les mesures ne sont pas suspendues, sauf décision contraire du juge.

Procédure de contestation

La contestation suit un processus judiciaire structuré :

  1. Dépôt d’un recours motivé auprès du tribunal judiciaire
  2. Convocation des parties à une audience
  3. Examen contradictoire des arguments
  4. Jugement confirment, modifiant ou annulant les mesures
  5. Possibilité d’appel dans les 15 jours suivant la notification du jugement

Cette procédure, relativement simple, ne nécessite pas obligatoirement l’assistance d’un avocat.

Conséquences du non-respect des mesures imposées

Sanctions potentielles

Le non-respect des mesures imposées peut entraîner de graves conséquences :

  • Caducité du plan d’apurement (tout redevient immédiatement exigible)
  • Réactivation des procédures d’exécution suspendues
  • Prolongation de l’inscription au FICP
  • Impossibilité de redéposer un dossier avant plusieurs années

La commission est particulièrement vigilante face aux débiteurs qui ne respectent pas leurs engagements sans motif légitime.

Recours possibles

Face à des difficultés imprévues, plusieurs options s’offrent à vous :

  • Demander une révision des mesures auprès de la commission
  • Solliciter un délai de grâce auprès du juge
  • Déposer un nouveau dossier en cas de détérioration significative
  • Envisager une procédure de rétablissement personnel si la situation devient insolvable

L’essentiel est d’agir rapidement, sans attendre l’accumulation des impayés.

Cas particulier : le rétablissement personnel

Définition et conditions d’accès

La procédure de rétablissement personnel (PRP) constitue l’ultime recours lorsque votre situation financière est irrémédiablement compromise.

Critères d’éligibilité :

  • Absence totale de capacité de remboursement
  • Impossibilité manifeste d’appliquer les autres mesures
  • Situation d’insolvabilité durable
  • Bonne foi du débiteur

La commission évalue minutieusement ces éléments avant d’orienter vers cette solution radicale.

Effets de la procédure

Les conséquences de la PRP sont massives :

  • Effacement total des dettes non professionnelles (hors dettes exclues)
  • Liquidation éventuelle des biens non indispensables
  • Inscription au FICP pendant 5 ans
  • Interdiction de déposer un nouveau dossier pendant plusieurs années

Cette procédure vous offre un véritable « nouveau départ » financier, mais implique aussi des restrictions significatives.

Conclusion

Importance des mesures imposées

Les mesures imposées par la commission de surendettement constituent un filet de sécurité essentiel dans notre système de protection sociale. Elles permettent chaque année à des milliers de personnes de sortir de situations financières apparemment sans issue.

Leur efficacité repose sur un équilibre délicat entre protection du débiteur et respect des droits des créanciers. Elles incarnent la volonté du législateur d’éviter l’exclusion sociale liée au surendettement.

Ressources et accompagnement disponibles

Face au surendettement, vous n’êtes jamais seul. De nombreuses structures peuvent vous accompagner :

  • Points Conseil Budget (services gratuits et confidentiels)
  • Associations de consommateurs agréées
  • CCAS de votre commune
  • Travailleurs sociaux départementaux
  • Permanences juridiques gratuites

Ces professionnels vous aideront à comprendre vos droits, à constituer votre dossier et à traverser cette période difficile avec plus de sérénité.

Les mesures imposées par la commission de surendettement ne représentent pas une fatalité, mais bien une opportunité de reconstruction financière. Elles vous offrent le cadre légal et la respiration nécessaires pour reprendre progressivement le contrôle de votre budget et retrouver une vie financière équilibrée.

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